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Mon dernier jour à Okhla
Samedi 10 octobre. Le dernier jour de ma présence à Okhla. C'est étrange comme une routine s'est vite instaurée entre le transport et les cours à l'école. J'ai l'impression d'avoir été présent plusieurs semaines à plusieurs mois. Un peu comme si mon quotidien était ici.
Une fois déposé par le frère de Rani à proximité de l'école, Israil commence par me conduire une dernière fois dans son "café". Aujourd'hui, peu importe que mon petit-déjeuner ne soit pas si loin : il faut que je prenne un aliment frit en plus du thé. Alors je m'installe une nouvelle fois sur le banc qu'on nous dégage. Maintenant je suis reconnu et on ne se demande plus ce que je fais là.
A l'école, je ne fais pas grand-chose car c'est dessin aujourd'hui. Filles et garçons sont mélangés et les sessions sont moins marquées qu'à l'accoutumée. Je prends aussi des photos de tout le monde pour garder des souvenirs.
En contrebas, les enfants de la famille vivant à côté de l'école jouent dans la rue. Ils me repèrent et nous nous amusons ensemble malgré la distance : eux tentent de se cacher dès lors que j'apparais par-dessus le muret de la terrasse. Ils disparaissent dans un éclat de rire. La scène se répète un petit moment avant que je ne retourne aux élèves d'Okhla.
En milieu de matinée, l'envie me prend d'offrir un petit présent à chacun. Il n'y a pas mille options : des bonbons devraient rencontrer le plus de succès et être achetables dans les alentours immédiats. Je sais que ce n'est pas bien pour leur hygiène dentaire mais ils n'ont peut-être pas autant d'occasions que cela d'en consommer alors tant pis pour une fois. J'en touche deux mots à Pushpa et Seeta. L'accord obtenu, je pars avec Seeta dans une petite échoppe voisine. Ma demande est un peu déconcertante : 300 bonbons là maintenant. Le commerçant ne peut y répondre et viendra nous livrer quelques dizaines de minutes plus tard. A plusieurs reprises dans la journée, je vais procéder à des distributions pour tenter de n'oublier personne. Comme il y a vraiment beaucoup de sucreries, je sors aussi en distribuer une bonne poignée aux enfants du voisinage dont je parlais dans le paragraphe précédent, non sans avoir demandé l'accord à leurs parents auparavant. Et malgré tout cela, nous ne consommerons que la moitié des bonbons achetés. Un professeur les ramènera donc au marchand qui remboursera la différence.
Sur la fin de matinée, Pushpa m'appelle pour me remettre une montre. Un peu plus tard, c'est un cadre que l'on me donne avec dedans un dessin sur lequel est écrit "Project WHY". J'ai vu les filles les plus âgées travailler dessus plus tôt. Et elles m'attachent enfin au poignet un bracelet de l'amitié que les professeurs leur ont demandé de me confectionner. Je m'attendais à ces présents car nous en avions parlés hier au cours du repas de midi. Je les avais alors déclinés en précisant que je n'en avais pas besoin car j'avais déjà eu le plus beau que je pouvais espérer : l'occasion de venir ici et de faire leur connaissance. Entendant mes arguments, les professeurs m'avaient alors proposé de faire un présent à ma mère en remplacement !!! A force d'explications, j'ai fini par leur faire entendre raison : j'ai déjà tellement reçu jour après jour qu'aucun autre cadeau ne pourrait être plus utile ni plus représenter pour moi. Voilà une bonne dose d'émotions au cas où ce jour aurait pu en manquer.
Mais ce n'était pas encore fini ! Il était convenu que puisque j'avais organisé une "party" hier midi en offrant le repas, mes collègues cuisineraient quelque chose pour moi aujourd'hui. A 11h30, nous vidons la salle informatique et commençons (entre hommes) à donner un coup de main en épluchant les légumes. Cela a donné lieu à des scènes de franches rigolades comme celle ci-dessous. J'aime beaucoup les pluches à deux doigts du clavier ...
Sophia, Neetu et Seeta s'attaquent à la fabrication de bread puri, des sortes de chappattis (le pain plat indien) pour une fois gonflés après avoir levé en une fraction de seconde. Sonia aide à la préparation d'un mélange à base de pommes de terre, de radis, de tomates, d'oignons, ... Enfin, Israil me donne aussi une partie de son plat composé d'un œuf dur, de pommes de terre et d'une sauce.
La fin du repas se prête à de petits discours de remerciements mutuels.
Durant l'après-midi, je donne aux professeurs l'ensemble des photos que j'ai prises puis nous échangeons nos coordonnées. Je compte leur envoyer un petit livre contenant un montage de toutes ces images. La visualisation de mes prises donne lieu à des tranches de rigolade par rapport à la tête que font les uns ou les autres.
L'école finit par se vider pour ma dernière fois. Ne restent que les professeurs que je pourrais largement qualifier d'amis si j'avais l'assurance d'y retourner un jour. Je ne dis pas que je ne le ferai pas mais je n'en sais rien car il y a tellement d'autres contrées à découvrir et d'autres projets comme celui-ci qui me tentent au Ghana, en Afrique du Sud, à Madagascar ou au Mexique ! Nous allons nous séparer progressivement : pour certains qui habitent près de là dès la sortie de l'école non sans une dernière accolade, pour d'autres dans la rue après encore un petit moment partagé en commun. Ultimes agitations du bras en guise de salutations à ces personnes généreuses que je laisse derrière moi sur une route fréquentée de Delhi ramenant au métro de Govindpuri. Les dernières silhouettes, toujours plus petites, finissent par s'évaporer dans l'agitation d'une fin de journée indienne. Cette fois c'est terminé ! Il n'y a pas de place pour le regret car j'ai vécu chaque instant aussi pleinement que je le pouvais. Je repars riche de souvenirs, empli de sourires, fort d'une connaissance très personnelle de l'Inde et marqué positivement par tant d'émotions tirées de ce second séjour en immersion.
Tags : Project Why, Inde, école, bonbons, cadeaux
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