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Présentation Project Why
Dans cette partie découvrez l'histoire de Project WHY, la problématique de l'éducation en Inde et enfin la présentation des centres.
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Par Bruyeres33 le 31 Octobre 2015 à 22:24
A l'origine, il y a une rencontre entre une femme au grand cœur et un mendiant infirme vivant dans la rue et souffrant de brimades et de moqueries de la part des autres. Pour pouvoir lui venir en aide, les démarches n'ont pas suffi car, dans un pays comme l'Inde, avec ses castes et ses codes, les personnes handicapées physiquement ou mentalement sont inexorablement rejetées et n'ont pas vraiment de place, ni de toit... Mme Bakshi a donc décidé de tout faire pour lui offrir un toit et des repas pour commencer. Pour cela, elle a dû se faire accepter dans la rue où elle l'avait trouvé et répondre aux demandes de la communauté en enseignant l'anglais à leurs enfants. D'un destin brisé est ainsi né au fil du temps Project WHY (pour We Help Youth ou, en français, "nous aidons les jeunes").
A la fin de l'année 2000, les premiers cours sont lancés avec très peu de moyens. 40 à 50 élèves y assistent encadrés par une poignée de volontaires. Puis au fil des années, le projet va prendre de l'ampleur souvent du fait de l'expression d'un besoin par des enfants de milieux défavorisés, appel qui sera reçu par Project WHY.
Aujourd'hui, 1000 élèves bénéficient de l'aide apportée dans 5 lieux différents couvrant le primaire, le secondaire, une section spéciale pour handicapés, la formation de femmes et des cours d'informatique. A cela, il faut rajouter les professeurs issus pour la plupart de la communauté et une initiative envers 8 personnes qui ont eu besoin d'une intervention médicale lourde et hors de portée pour leur famille.
Si seulement on avait tous autant de volonté et de cœur ...
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Par Bruyeres33 le 31 Octobre 2015 à 23:14
L'Inde est le pays le plus peuplé de la planète avec 1,3 milliard d'habitants environ. Environ 29% ont moins de 15 ans et parmi ceux-ci entre 12% et 14% (soit 50 millions d'enfants !) n'auraient jamais été scolarisés. Pourtant, depuis la loi du 1er avril 2010, l'école est théoriquement gratuite et obligatoire pour tout jeune de 6 à 14 ans. Alors pourquoi un tel chiffre ? Il y a sûrement de multiples raisons. En voici quelques-unes :
- la mauvaise qualité de l'enseignement public : l'enseignement obligatoire se partage entre les écoles publiques gouvernementales et les écoles privées. Les premières sont calamiteuses car les profs sont incompétents, enfin quand ils font déjà l'effort de venir : ils pratiquent le par cœur sans s'assurer que les élèves comprennent. De toute façon, il y a trop d'élèves dans les classes pour s'embarrasser d'une telle formalité. Et puis il y a aussi des châtiments corporels, des discriminations et des humiliations. Par hasard, j'ai eu personnellement sur place un article entre les mains et un rapport de tribunal qui relataient de tels faits. Il en ressort que les enfants sont à minima mal formés, souvent livrés à eux-mêmes et parfois dissuadés d'aller à l'école du fait des violences. Un de mes interlocuteurs sur place m'a expliqué qu'au sujet de la maltraitance, 181 témoignages d'enfants, rédigés sur des cartes postales anonymes, avaient été remis à la justice pour ce seul coin de Delhi (je ne parle même pas de l'Inde). Le tribunal leur avait donné raison dans son verdict final. En complément, il y a les écoles privées mais vous vous en doutez, elles sont comme partout inabordables pour les jeunes dont je parle ici qui vivent dans les bidonvilles. Il y a bien des quotas pour les plus défavorisés mais ceux-ci ne règlent pas tout car les plus pauvres sont incapables de se payer des cours particuliers de préparation aux examens comme les autres donc ils ont moins de chances de réussite.
- le coût de cette mesure d'enseignement obligatoire est réparti entre le gouvernement central (55%) et les Etats régionaux (45%). Sauf que ces derniers n'apprécient pas de se voir imposer une telle mesure et ne sont pas forcément d'accord avec cette dépense qu'ils préfèrent affecter à d'autres fins. Un article du Figaro cite en exemple une très haute fonctionnaire qui a préféré construire des statues à sa propre gloire... Comme partout, la corruption est un fléau en Inde aussi (en 2007, elle se classait 72ème sur 179 pays). Du fait de ce qui précède, les disparités entre Etats sont marquées : 91% d'enfants scolarisés dans le Kerala contre seulement 47% dans le Bihar, et il en est de même entre ville (80%) et campagne (59%).
- enfin, les familles pauvres sont elles-mêmes réticentes car en envoyant un enfant à l'école, elles se privent d'une main d'œuvre utile et je rappelle qu'environ 50 millions d'enfants de moins de 14 ans travaillent en Inde. Alors même si c'est gratuit, on n'en voit pas l'utilité. Et puis pour les filles, il y a une raison encore plus terrible : avec le mariage arrangé, elles vont partir vivre dans la famille de leur mari. Dès lors pourquoi dépenser de l'argent à les former ?
Pour faire face à ce problème de non-scolarisation, de nombreuses ONG ont vu le jour et œuvrent sur le terrain. Project WHY en est une. Le but n'est pas de se substituer à l'école publique mais de venir en soutien. Les élèves viennent donc par demi-journée : le matin pour les garçons, l'après-midi pour les filles. Du moins, pour le centre où j'intervenais.
Enfin, notons pour terminer que la durée de scolarisation moyenne pour ceux qui ont la chance d'aller étudier est particulièrement faible : 2 ans. Par exemple, au-delà de 12 ans, il n'y a que 40% de filles scolarisées et, dans les campagnes, près de 50% des enfants ont arrêtés de se rendre à l'école à cet âge-là. Le seul point positif c'est que de plus en plus d'enfants quittent l'école en sachant lire et écrire; le taux d'alphabétisation est ainsi passé de 61% en 2005 à 74% en 2014.
Document complémentaire :
Voici un article trouvé rapidement sur Internet et traitant des violences dans les écoles publiques :
http://www.thehindu.com/news/cities/Delhi/beatings-abuse-still-rampant-in-government-schools-survey/article5850746.ece
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Par Bruyeres33 le 1 Novembre 2015 à 23:06
Project WHY intervient à 5 endroits différents des bidonvilles du sud-est de Delhi. Durant mon séjour, je n'en ai vu que 3 (Okhla, Madanpur Khader et Yamuna) et ai entendu très fréquemment parler d'un 4ème (Govindpuri) par le biais de 2 autres volontaires françaises qui y intervenaient.
- Giri Nagar
C'est le premier centre qui a été ouvert par Mme Bakshi si vous avez lu l'historique du projet. Les conditions d'apprentissage ont été au départ très sommaires puisque l'école s'est d'abord établie sur un ancien parc à cochon. Ayant été détruite au bulldozer, elle s'est un temps poursuivie sur le bord de la route.
Les principaux problèmes auquel le centre doit faire face sont les conditions déplorables d'enseignements dans les écoles publiques (des élèves y ont été maltraités et étaient méprisés même par le directeur...) et le manque de soutien des familles qui ne peuvent aider leurs enfants vu que la plupart des parents sont illettrés. Chez eux, les enfants n'ont nulle part pour étudier, ils n'ont pas accès à des livres ni à des tuteurs.
Pourtant malgré ces obstacles, ils réussissent à s'en sortir et aujourd'hui, 15 ans après son lancement, une ancienne élève est devenue professeur. D'autres ont décrochés de bons emplois. Beaucoup enfin sont dans les mieux classés de leur école.
Enfin une dernière anecdote sur ce centre : à l'origine, il n'y avait qu'un seul ordinateur pour la gestion de l'école. Les enfants curieux sont venus voir cette drôle de machine et ont montré une volonté d'apprendre à l'utiliser. Avec un nouvel effort, Project WHY a récupéré quelques vieilles machines et lancé les premiers cours d'informatique.
- Govindpuri
J'ai décrit précédemment la loi de 2010 rendant l'éducation obligatoire pour les 6-14 ans, cependant rien n'existe pour les plus petits. Dans les bidonvilles, ils ne sont pas toujours en sécurité, sont livrés à eux-mêmes surtout quand la mère s'absente et peu de soins leur sont prodigués. Leur enfance n'est donc pas aussi facile que la nôtre et il peut arriver que les jeunes enfants fréquentes les mauvaises personnes acquérant ainsi un vocabulaire et une attitude inadaptés. Pour lutter contre ce phénomène, Project WHY a mis en place à Govindpuri une école pour les tout-petits dès 2002. Si celles-ci a évolué au fil du temps, elle se poursuit encore aujourd'hui.
Une école primaire existe aussi depuis avril 2010. Avec le bouche-à-oreille, la notoriété de l'établissement s'est accrue dans le quartier et de plus en plus d'enfants l'ont rejoint. Il y a pas si longtemps, les élèves les plus anciens sont arrivés au bout du cursus primaires et ont demandé de pouvoir poursuivre le secondaire avec Project WHY. A ce jour, 3 nouvelles classes ont donc été ouvertes pour répondre à leurs attentes.
3ème projet développé à Govindpuri et non des moindres : la section spéciale. En Inde, être pauvre n'est pas une sinécure vous l'avez sûrement déjà compris mais être également handicapé est nettement pire. Après sa rencontre-prise de conscience, Mme Bakshi a souhaité que cette direction soit également creusée et non oubliée. L'objectif de Project WHY est de permettre aux personnes handicapées de se réaliser et d'apprendre en s'amusant de façon à être plus indépendantes et, dans l'idéal, de pouvoir se débrouiller seules après la disparition des parents. Il n'y a pas de limites d'âge : tous les élèves sont bienvenus. N'étant pas le mieux à même de parler de ce centre, je laisse la parole à Chloé et Manon, deux autres volontaires sur place en même temps que moi. Voici leur témoignage : http://helloindia.over-blog.com/2015/09/semaine-01.html.
- Madanpur Kader ou "Centre des femmes"
La ville de Delhi croit à toute vitesse : 15 millions d'habitants en 2006, plus de 20 millions aujourd'hui ! Un exode rural massif pour trouver du travail et pense-t-on avoir de meilleures conditions de vie. Du coup, les étages s'empilent un peu partout et l'agglomération grignote la campagne environnante. A la lisière de Delhi, des nouveaux quartiers voient le jour où s'entassent les migrants. Dans celui où est établi le centre Madanpur Kader, ils viennent des Etats de l'Uttar Pradesh et du Bihar, parmi les plus pauvres de l'Inde. Résultat de tout ce processus : les classes des écoles gouvernementales peuvent compter jusqu'à 120 élèves ! Dans ces conditions, comment étudier correctement ? Project WHY a donc monté une école primaire d'abord qui, en plus du soutien habituel, organise des activités extras scolaires pour responsabiliser les enfants et en faire de meilleurs citoyens (se laver les mains pour éviter les maladies, planter des arbres et en prendre soin, respecter les autres ...). Parvenus en dernières années, les enfants ont réclamé de pouvoir poursuivre le secondaire avec Project WHY car n'ayant pas d'argent, ils ne pouvaient financer des cours de soutien utiles pour réussir aux examens, condition de base pour accéder aux études supérieures et à des bons emplois. Enfin, des cours d'informatique ont également été ouverts grâce à un soutien extérieur.
Mais la spécificité de ce centre est la réponse à un autre coup de cœur des fondateurs de l'ONG : un jour deux jeunes femmes en situation délicate sont venues demander assistance. Elles ont été entendues et une aide leur a été apportée. Depuis, le centre dispense des formations dans deux domaines aux femmes qui le souhaitent : la beauté et la couture. Beaucoup sont d'anciennes élèves qui poursuivent leur cursus. A terme, une partie travaillent de chez elles et d'autres dans des sociétés d'exportation. Au total, 120 à 130 femmes sont concernées !
- Yamuna Project
La situation de base est un peu celle que j'ai décrite pour le Centre des Femmes : les migrants se sont installés à la lisière de la ville mais dans un village où il n'y a strictement rien : pas d'électricité, pas d'eau courante, les maisons sont en paille et les alentours sont formés de champs cultivés. Le dénuement le plus total. Au point que jusqu'en avril 2015, les enfants n'avaient JAMAIS été à l'école !!! Project Why y a remédié en installant un abri avec deux murs, un toit de tôle ondulé, un peu de grillage et quelques tapis.
Les enfants y sont en outre équipés en matériel scolaire et nourris tous les midis ce qui n'est pas forcément le cas des autres centres. Pour eux, l'école représente beaucoup. Ils ont une soif d'apprendre et une joie communicative. Avec les autres volontaires, nous y avons passé environ deux heures. Ce furent des heures débordantes d'énergie, de gaité et d'émotion très poignante. Les enfants n'ont strictement rien mais à partir de rien, ils se bâtissent un univers. Après le repas, ils se sont ainsi réellement amusés avec une poignée de cailloux ramassés par terre et transformés en osselets. Ils se sont aussi prêtés au jeu de la photographie avec entrain, réclamant de se voir et d'en prendre toujours plus.
C'est mon second coup de cœur, le premier étant Okhla où j'ai passé mes deux semaines ...
- Okhla
Un jour, une professeure de Project Why, Sophia est allée parler aux fondateurs de l'ONG pour leur présenter la situation précaire des enfants dans la zone où elle vit, un ancien dépôt d'ordures. Okhla comprend des usines au milieu desquelles s'intercalent des ilots de bidonvilles. Tous les enfants n'étaient pas scolarisés car il n'y avait pas d'école primaire dans le voisinage. Certains erraient dans cet environnement insalubre, devenant la proie de prédateurs qui les employaient pour commettre des petits larcins et écouler de la drogue. Se faire accepter a pris un peu de temps mais c'est depuis plusieurs années chose faite et cet endroit est désormais la vitrine de Project Why. Les locaux ont également évolué passant de tentes en plastique à un bâtiment en brique, repeint la première semaine de ma présence. Il y a aujourd'hui près de 300 élèves et un petit centre informatique. Je n'en dis pas plus car je vais largement revenir sur Okhla par la suite.
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