• Sur le chemin de l'école ...

    A 8h30, je quitte l'hébergement pour rejoindre Govindpuri. Vivant du côté de Nehru Place, j'ai deux options principales : l'autorickshaw ou le métro. Je préfère le second pour plusieurs raisons : d'abord parce que le chauffeur ne parle pas toujours anglais et moi pas hindi, ensuite parce qu'il faut vraiment négocier car le chauffeur vous prend pour l'héritier de Mme de Bettancourt, enfin parce que ça me permet aussi de marcher un peu.

    Sur le chemin de l'école ...

    Dès la sortie de la maison climatisée, ça peut être l'étuve : il fait environ 34 à 37° à cette période de l'année. Si l'air est sec, vous le vivez bien. Si l'air est humide, vous êtes vite en sueur, même à l'arrêt. Pour atteindre la station de métro de Nehru Place j'ai une grosse artère à traverser. Elle me fera angoisser à chaque fois parce que la plupart du temps, il va falloir m'élancer malgré le trafic rarement interrompu. Ma seule "chance" : être un occidental donc m'accrocher doit être une vraie source d'ennuis. En tout cas c'est ce que je présume en voyant certains comportements d'évitement d'urgence.

    Sur le chemin de l'école ...

    Pour prendre le métro, j'ai une carte à disposition grâce à Project WHY sinon il me faudrait acheter des jetons. Le prix dépend de la distance couverte. A l'entrée, il y a un portique comme dans les aéroports et on vous tâte rapidement tandis que votre sac est scanné. Seconde épreuve : prendre le métro dans le bon sens sachant qu'un panneau sur deux est en hindi et que sur tous, la logique de l'affichage est l'inverse de la nôtre : les stations à venir sont sur la partie décolorée de la ligne.

    Il y a des rames fréquemment. Autre spécificité : il y a un wagon réservé aux femmes pour éviter les attouchements notamment. A l'intérieur, c'est climatisé et assez spacieux. Tant mieux car autant mes arrêts ne sont pas trop fréquentés autant le centre de Delhi peut être une horreur. Je fais juste une ellipse sur ce sujet. J'ai pris des rames bondées à tel point que je n'étais même pas sûr de pouvoir descendre. Les indiens semblent stressés par l'ouverture-fermeture des portes. A l'ouverture, ceux qui sont dedans et qui veulent sortir trottinent vers l'extérieur en poussant ceux qui font éventuellement obstacle. Ceux qui sont dehors et veulent monter le font directement sans s'écarter pour laisser descendre. Les deux flux se heurtent forcément. Je pense que l'on peut se faire piétiner. A l'approche de la fermeture, si la rame est encore pleine sans un interstice, les gens à l'extérieur adoptent une nouvelle stratégie : plutôt que d'attendre la rame suivante, ils se regroupent et foncent dans la masse comme les béliers au Moyen-Age pour défoncer les portes du château fort. Du coup, la rame devient archi-comble et vos différents membres sont coincés par une dizaine de personnes. "- Excusez-moi Madame, pourriez-vous me rendre mon bras s'il vous plaît ?"

    Heureusement entre Nehru Place et Govindpuri, ce n'est pas comme cela. En 5 minutes, je suis à la station de descente. Il me reste environ un kilomètre à marcher le long d'une route 2x2 voies bien fréquentée où un véhicule me frôle parfois de très près au point de sentir le courant d'air. Mais bon il n'y a pas de trottoir alors n'y pensons plus. En dehors de cela, la marche est plaisante car on voit mille petits détails du quotidien : les marchands, le coiffeur, les autorickshaws, le temple, les écoliers en uniforme ...

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    Pour finir, il faut s'engouffrer dans une ruelle plus étroite pour parvenir au bureau central de Project WHY. Au moins un responsable de chaque centre s'y rend chaque jour, souvent le matin, pour émarger. Lorsque l'on arrive, que l'endroit soit ouvert ou pas encore, il y a toujours les élèves de la classe spéciale qui sont là, rayonnants. On sent que pour eux aussi l'école est comme une fête qu'ils ne voudraient rater. Ce sont les premiers à vous saluer. La journée commence bien ! A cet emplacement se trouve donc plusieurs salles de classe en plus du bureau : celles des personnes handicapées donc mais aussi celles pour les très jeunes enfants.

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    Entre 9h et 9h10, au moins une personne d'Okhla me retrouve là. Selon les jours, on part avec un mode de transport différent. Pour ma première journée, Pushpa, la responsable d'Okhla, m'a fait prendre le bus. Je suis content d'avoir tenté l'expérience mais plus jamais ça ! D'abord il n'y a qu'une langue l'hindi et aucune indication claire ni de la destination, ni des arrêts. Le seul point de repère c'est le numéro quand on en connaît le sens. Le véhicule ne s'arrête pas aux arrêts : il ralentit. Pendant ce laps de temps, il y a donc des passagers qui descendent ou plutôt sautent sur l'asphalte et d'autres qui, comme vous, veulent monter. Pour cela, on trottine jusqu'à bondir sur la première marche. Ce n'est pas encore gagné car déjà à l'intérieur des gens vous poussent pour descendre au prochain arrêt. Il faut donc jouer des coudes pour rester dedans car les portes ne se ferment pas ... Puis il faut s'incruster à d'autres gens pour ménager un espace pour la circulation. A mon avis, ce sont les indiens qui sont à l'origine du "free hug". Et là, il n'y a pas vraiment de séparation homme-femme. Tout le monde peut partager sa sueur, surtout si le bus n'est pas climatisé. Quand il arrive à passer, le receveur vient réclamer son dû, sinon l'argent circule de main en main. Et si besoin l'appoint revient sans égarer même une roupie ! Bienvenue en Inde !

    Les autres jours, j'ai partagé un autorickshaw ou un chauffeur de l'ONG avec mes collègues venues émarger. En route, on s'arrêtait parfois dans la famille de Rani, une des responsables de Project WHY, pour récupérer le repas du jour, cuisiné à même la rue ou pas loin. Une fois aussi, je me suis fait inviter à boire un thé au lait sur le bas-côté. Et après on vous dit en occident de prendre des précautions...

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    Une fois déposé à la périphérie du bidonville, je suis guidé par un ou plusieurs professeurs jusqu'à l'école. Je ne suis jamais livré à moi-même. Je ne ressens aucune malveillance, aucune agressivité autour de moi. Parfois juste de la curiosité sur ce que je fais là et si je ne me suis pas égaré. Mais au fil du temps, des visages vont devenir plus familiers. Parfois, Israil me fait faire une halte dans son "café", un boui-boui sommaire où il m'offre là-aussi un thé au lait et quelque chose à manger dans le genre samossa mais qui n'en est pas un. Je sens bien qu'il a là ses petites habitudes. Les tasses sont vite rincées, on me libère un banc. Pourquoi un tel honneur ? Mais au moins, je ne peux pas dire qu'ils ne savent pas accueillir.

    Au final, peu avant 9h30, je parviens au dernier virage : à l'angle, un temple qui, pendant les 48 premières heures de ma présence, ne s'est pas tût un seul instant pour cause de festival religieux. Dans ces conditions, impossible de travailler pour les enfants. De l'autre côté, des habitats de bric et de broc, mêlant toile, tôle ondulée et autres matériaux de récupération. Entre les deux, un chemin de poussière emprunté par un courant de travailleurs plutôt élégants. Ils habitent peut être là mais leur tenue ne le laisse pas vraiment paraître. Et une fois fendu ce flot apparaît l'école. Les premiers jours c'était un bâtiment de briques crues qui ont été repeintes en jaune au cours de la première semaine. Un panneau, accroché en hauteur, indique "PROJECT WHY". Souvent, une myriade d'enfants vous accueille, le plus poliment du monde, avec cordialité, avec joie et avec simplicité. Encore une magnifique journée qui commence !

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