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A l'origine, il y a une rencontre entre une femme au grand cœur et un mendiant infirme vivant dans la rue et souffrant de brimades et de moqueries de la part des autres. Pour pouvoir lui venir en aide, les démarches n'ont pas suffi car, dans un pays comme l'Inde, avec ses castes et ses codes, les personnes handicapées physiquement ou mentalement sont inexorablement rejetées et n'ont pas vraiment de place, ni de toit... Mme Bakshi a donc décidé de tout faire pour lui offrir un toit et des repas pour commencer. Pour cela, elle a dû se faire accepter dans la rue où elle l'avait trouvé et répondre aux demandes de la communauté en enseignant l'anglais à leurs enfants. D'un destin brisé est ainsi né au fil du temps Project WHY (pour We Help Youth ou, en français, "nous aidons les jeunes").
A la fin de l'année 2000, les premiers cours sont lancés avec très peu de moyens. 40 à 50 élèves y assistent encadrés par une poignée de volontaires. Puis au fil des années, le projet va prendre de l'ampleur souvent du fait de l'expression d'un besoin par des enfants de milieux défavorisés, appel qui sera reçu par Project WHY.
Aujourd'hui, 1000 élèves bénéficient de l'aide apportée dans 5 lieux différents couvrant le primaire, le secondaire, une section spéciale pour handicapés, la formation de femmes et des cours d'informatique. A cela, il faut rajouter les professeurs issus pour la plupart de la communauté et une initiative envers 8 personnes qui ont eu besoin d'une intervention médicale lourde et hors de portée pour leur famille.
Si seulement on avait tous autant de volonté et de cœur ...
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L'Inde est le pays le plus peuplé de la planète avec 1,3 milliard d'habitants environ. Environ 29% ont moins de 15 ans et parmi ceux-ci entre 12% et 14% (soit 50 millions d'enfants !) n'auraient jamais été scolarisés. Pourtant, depuis la loi du 1er avril 2010, l'école est théoriquement gratuite et obligatoire pour tout jeune de 6 à 14 ans. Alors pourquoi un tel chiffre ? Il y a sûrement de multiples raisons. En voici quelques-unes :
- la mauvaise qualité de l'enseignement public : l'enseignement obligatoire se partage entre les écoles publiques gouvernementales et les écoles privées. Les premières sont calamiteuses car les profs sont incompétents, enfin quand ils font déjà l'effort de venir : ils pratiquent le par cœur sans s'assurer que les élèves comprennent. De toute façon, il y a trop d'élèves dans les classes pour s'embarrasser d'une telle formalité. Et puis il y a aussi des châtiments corporels, des discriminations et des humiliations. Par hasard, j'ai eu personnellement sur place un article entre les mains et un rapport de tribunal qui relataient de tels faits. Il en ressort que les enfants sont à minima mal formés, souvent livrés à eux-mêmes et parfois dissuadés d'aller à l'école du fait des violences. Un de mes interlocuteurs sur place m'a expliqué qu'au sujet de la maltraitance, 181 témoignages d'enfants, rédigés sur des cartes postales anonymes, avaient été remis à la justice pour ce seul coin de Delhi (je ne parle même pas de l'Inde). Le tribunal leur avait donné raison dans son verdict final. En complément, il y a les écoles privées mais vous vous en doutez, elles sont comme partout inabordables pour les jeunes dont je parle ici qui vivent dans les bidonvilles. Il y a bien des quotas pour les plus défavorisés mais ceux-ci ne règlent pas tout car les plus pauvres sont incapables de se payer des cours particuliers de préparation aux examens comme les autres donc ils ont moins de chances de réussite.
- le coût de cette mesure d'enseignement obligatoire est réparti entre le gouvernement central (55%) et les Etats régionaux (45%). Sauf que ces derniers n'apprécient pas de se voir imposer une telle mesure et ne sont pas forcément d'accord avec cette dépense qu'ils préfèrent affecter à d'autres fins. Un article du Figaro cite en exemple une très haute fonctionnaire qui a préféré construire des statues à sa propre gloire... Comme partout, la corruption est un fléau en Inde aussi (en 2007, elle se classait 72ème sur 179 pays). Du fait de ce qui précède, les disparités entre Etats sont marquées : 91% d'enfants scolarisés dans le Kerala contre seulement 47% dans le Bihar, et il en est de même entre ville (80%) et campagne (59%).
- enfin, les familles pauvres sont elles-mêmes réticentes car en envoyant un enfant à l'école, elles se privent d'une main d'œuvre utile et je rappelle qu'environ 50 millions d'enfants de moins de 14 ans travaillent en Inde. Alors même si c'est gratuit, on n'en voit pas l'utilité. Et puis pour les filles, il y a une raison encore plus terrible : avec le mariage arrangé, elles vont partir vivre dans la famille de leur mari. Dès lors pourquoi dépenser de l'argent à les former ?
Pour faire face à ce problème de non-scolarisation, de nombreuses ONG ont vu le jour et œuvrent sur le terrain. Project WHY en est une. Le but n'est pas de se substituer à l'école publique mais de venir en soutien. Les élèves viennent donc par demi-journée : le matin pour les garçons, l'après-midi pour les filles. Du moins, pour le centre où j'intervenais.
Enfin, notons pour terminer que la durée de scolarisation moyenne pour ceux qui ont la chance d'aller étudier est particulièrement faible : 2 ans. Par exemple, au-delà de 12 ans, il n'y a que 40% de filles scolarisées et, dans les campagnes, près de 50% des enfants ont arrêtés de se rendre à l'école à cet âge-là. Le seul point positif c'est que de plus en plus d'enfants quittent l'école en sachant lire et écrire; le taux d'alphabétisation est ainsi passé de 61% en 2005 à 74% en 2014.
Document complémentaire :
Voici un article trouvé rapidement sur Internet et traitant des violences dans les écoles publiques :
http://www.thehindu.com/news/cities/Delhi/beatings-abuse-still-rampant-in-government-schools-survey/article5850746.ece
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Project WHY intervient à 5 endroits différents des bidonvilles du sud-est de Delhi. Durant mon séjour, je n'en ai vu que 3 (Okhla, Madanpur Khader et Yamuna) et ai entendu très fréquemment parler d'un 4ème (Govindpuri) par le biais de 2 autres volontaires françaises qui y intervenaient.
- Giri Nagar
C'est le premier centre qui a été ouvert par Mme Bakshi si vous avez lu l'historique du projet. Les conditions d'apprentissage ont été au départ très sommaires puisque l'école s'est d'abord établie sur un ancien parc à cochon. Ayant été détruite au bulldozer, elle s'est un temps poursuivie sur le bord de la route.
Les principaux problèmes auquel le centre doit faire face sont les conditions déplorables d'enseignements dans les écoles publiques (des élèves y ont été maltraités et étaient méprisés même par le directeur...) et le manque de soutien des familles qui ne peuvent aider leurs enfants vu que la plupart des parents sont illettrés. Chez eux, les enfants n'ont nulle part pour étudier, ils n'ont pas accès à des livres ni à des tuteurs.
Pourtant malgré ces obstacles, ils réussissent à s'en sortir et aujourd'hui, 15 ans après son lancement, une ancienne élève est devenue professeur. D'autres ont décrochés de bons emplois. Beaucoup enfin sont dans les mieux classés de leur école.
Enfin une dernière anecdote sur ce centre : à l'origine, il n'y avait qu'un seul ordinateur pour la gestion de l'école. Les enfants curieux sont venus voir cette drôle de machine et ont montré une volonté d'apprendre à l'utiliser. Avec un nouvel effort, Project WHY a récupéré quelques vieilles machines et lancé les premiers cours d'informatique.
- Govindpuri
J'ai décrit précédemment la loi de 2010 rendant l'éducation obligatoire pour les 6-14 ans, cependant rien n'existe pour les plus petits. Dans les bidonvilles, ils ne sont pas toujours en sécurité, sont livrés à eux-mêmes surtout quand la mère s'absente et peu de soins leur sont prodigués. Leur enfance n'est donc pas aussi facile que la nôtre et il peut arriver que les jeunes enfants fréquentes les mauvaises personnes acquérant ainsi un vocabulaire et une attitude inadaptés. Pour lutter contre ce phénomène, Project WHY a mis en place à Govindpuri une école pour les tout-petits dès 2002. Si celles-ci a évolué au fil du temps, elle se poursuit encore aujourd'hui.
Une école primaire existe aussi depuis avril 2010. Avec le bouche-à-oreille, la notoriété de l'établissement s'est accrue dans le quartier et de plus en plus d'enfants l'ont rejoint. Il y a pas si longtemps, les élèves les plus anciens sont arrivés au bout du cursus primaires et ont demandé de pouvoir poursuivre le secondaire avec Project WHY. A ce jour, 3 nouvelles classes ont donc été ouvertes pour répondre à leurs attentes.
3ème projet développé à Govindpuri et non des moindres : la section spéciale. En Inde, être pauvre n'est pas une sinécure vous l'avez sûrement déjà compris mais être également handicapé est nettement pire. Après sa rencontre-prise de conscience, Mme Bakshi a souhaité que cette direction soit également creusée et non oubliée. L'objectif de Project WHY est de permettre aux personnes handicapées de se réaliser et d'apprendre en s'amusant de façon à être plus indépendantes et, dans l'idéal, de pouvoir se débrouiller seules après la disparition des parents. Il n'y a pas de limites d'âge : tous les élèves sont bienvenus. N'étant pas le mieux à même de parler de ce centre, je laisse la parole à Chloé et Manon, deux autres volontaires sur place en même temps que moi. Voici leur témoignage : http://helloindia.over-blog.com/2015/09/semaine-01.html.
- Madanpur Kader ou "Centre des femmes"
La ville de Delhi croit à toute vitesse : 15 millions d'habitants en 2006, plus de 20 millions aujourd'hui ! Un exode rural massif pour trouver du travail et pense-t-on avoir de meilleures conditions de vie. Du coup, les étages s'empilent un peu partout et l'agglomération grignote la campagne environnante. A la lisière de Delhi, des nouveaux quartiers voient le jour où s'entassent les migrants. Dans celui où est établi le centre Madanpur Kader, ils viennent des Etats de l'Uttar Pradesh et du Bihar, parmi les plus pauvres de l'Inde. Résultat de tout ce processus : les classes des écoles gouvernementales peuvent compter jusqu'à 120 élèves ! Dans ces conditions, comment étudier correctement ? Project WHY a donc monté une école primaire d'abord qui, en plus du soutien habituel, organise des activités extras scolaires pour responsabiliser les enfants et en faire de meilleurs citoyens (se laver les mains pour éviter les maladies, planter des arbres et en prendre soin, respecter les autres ...). Parvenus en dernières années, les enfants ont réclamé de pouvoir poursuivre le secondaire avec Project WHY car n'ayant pas d'argent, ils ne pouvaient financer des cours de soutien utiles pour réussir aux examens, condition de base pour accéder aux études supérieures et à des bons emplois. Enfin, des cours d'informatique ont également été ouverts grâce à un soutien extérieur.
Mais la spécificité de ce centre est la réponse à un autre coup de cœur des fondateurs de l'ONG : un jour deux jeunes femmes en situation délicate sont venues demander assistance. Elles ont été entendues et une aide leur a été apportée. Depuis, le centre dispense des formations dans deux domaines aux femmes qui le souhaitent : la beauté et la couture. Beaucoup sont d'anciennes élèves qui poursuivent leur cursus. A terme, une partie travaillent de chez elles et d'autres dans des sociétés d'exportation. Au total, 120 à 130 femmes sont concernées !
- Yamuna Project
La situation de base est un peu celle que j'ai décrite pour le Centre des Femmes : les migrants se sont installés à la lisière de la ville mais dans un village où il n'y a strictement rien : pas d'électricité, pas d'eau courante, les maisons sont en paille et les alentours sont formés de champs cultivés. Le dénuement le plus total. Au point que jusqu'en avril 2015, les enfants n'avaient JAMAIS été à l'école !!! Project Why y a remédié en installant un abri avec deux murs, un toit de tôle ondulé, un peu de grillage et quelques tapis.
Les enfants y sont en outre équipés en matériel scolaire et nourris tous les midis ce qui n'est pas forcément le cas des autres centres. Pour eux, l'école représente beaucoup. Ils ont une soif d'apprendre et une joie communicative. Avec les autres volontaires, nous y avons passé environ deux heures. Ce furent des heures débordantes d'énergie, de gaité et d'émotion très poignante. Les enfants n'ont strictement rien mais à partir de rien, ils se bâtissent un univers. Après le repas, ils se sont ainsi réellement amusés avec une poignée de cailloux ramassés par terre et transformés en osselets. Ils se sont aussi prêtés au jeu de la photographie avec entrain, réclamant de se voir et d'en prendre toujours plus.
C'est mon second coup de cœur, le premier étant Okhla où j'ai passé mes deux semaines ...
- Okhla
Un jour, une professeure de Project Why, Sophia est allée parler aux fondateurs de l'ONG pour leur présenter la situation précaire des enfants dans la zone où elle vit, un ancien dépôt d'ordures. Okhla comprend des usines au milieu desquelles s'intercalent des ilots de bidonvilles. Tous les enfants n'étaient pas scolarisés car il n'y avait pas d'école primaire dans le voisinage. Certains erraient dans cet environnement insalubre, devenant la proie de prédateurs qui les employaient pour commettre des petits larcins et écouler de la drogue. Se faire accepter a pris un peu de temps mais c'est depuis plusieurs années chose faite et cet endroit est désormais la vitrine de Project Why. Les locaux ont également évolué passant de tentes en plastique à un bâtiment en brique, repeint la première semaine de ma présence. Il y a aujourd'hui près de 300 élèves et un petit centre informatique. Je n'en dis pas plus car je vais largement revenir sur Okhla par la suite.
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A 8h30, je quitte l'hébergement pour rejoindre Govindpuri. Vivant du côté de Nehru Place, j'ai deux options principales : l'autorickshaw ou le métro. Je préfère le second pour plusieurs raisons : d'abord parce que le chauffeur ne parle pas toujours anglais et moi pas hindi, ensuite parce qu'il faut vraiment négocier car le chauffeur vous prend pour l'héritier de Mme de Bettancourt, enfin parce que ça me permet aussi de marcher un peu.
Dès la sortie de la maison climatisée, ça peut être l'étuve : il fait environ 34 à 37° à cette période de l'année. Si l'air est sec, vous le vivez bien. Si l'air est humide, vous êtes vite en sueur, même à l'arrêt. Pour atteindre la station de métro de Nehru Place j'ai une grosse artère à traverser. Elle me fera angoisser à chaque fois parce que la plupart du temps, il va falloir m'élancer malgré le trafic rarement interrompu. Ma seule "chance" : être un occidental donc m'accrocher doit être une vraie source d'ennuis. En tout cas c'est ce que je présume en voyant certains comportements d'évitement d'urgence.
Pour prendre le métro, j'ai une carte à disposition grâce à Project WHY sinon il me faudrait acheter des jetons. Le prix dépend de la distance couverte. A l'entrée, il y a un portique comme dans les aéroports et on vous tâte rapidement tandis que votre sac est scanné. Seconde épreuve : prendre le métro dans le bon sens sachant qu'un panneau sur deux est en hindi et que sur tous, la logique de l'affichage est l'inverse de la nôtre : les stations à venir sont sur la partie décolorée de la ligne.
Il y a des rames fréquemment. Autre spécificité : il y a un wagon réservé aux femmes pour éviter les attouchements notamment. A l'intérieur, c'est climatisé et assez spacieux. Tant mieux car autant mes arrêts ne sont pas trop fréquentés autant le centre de Delhi peut être une horreur. Je fais juste une ellipse sur ce sujet. J'ai pris des rames bondées à tel point que je n'étais même pas sûr de pouvoir descendre. Les indiens semblent stressés par l'ouverture-fermeture des portes. A l'ouverture, ceux qui sont dedans et qui veulent sortir trottinent vers l'extérieur en poussant ceux qui font éventuellement obstacle. Ceux qui sont dehors et veulent monter le font directement sans s'écarter pour laisser descendre. Les deux flux se heurtent forcément. Je pense que l'on peut se faire piétiner. A l'approche de la fermeture, si la rame est encore pleine sans un interstice, les gens à l'extérieur adoptent une nouvelle stratégie : plutôt que d'attendre la rame suivante, ils se regroupent et foncent dans la masse comme les béliers au Moyen-Age pour défoncer les portes du château fort. Du coup, la rame devient archi-comble et vos différents membres sont coincés par une dizaine de personnes. "- Excusez-moi Madame, pourriez-vous me rendre mon bras s'il vous plaît ?"
Heureusement entre Nehru Place et Govindpuri, ce n'est pas comme cela. En 5 minutes, je suis à la station de descente. Il me reste environ un kilomètre à marcher le long d'une route 2x2 voies bien fréquentée où un véhicule me frôle parfois de très près au point de sentir le courant d'air. Mais bon il n'y a pas de trottoir alors n'y pensons plus. En dehors de cela, la marche est plaisante car on voit mille petits détails du quotidien : les marchands, le coiffeur, les autorickshaws, le temple, les écoliers en uniforme ...
Pour finir, il faut s'engouffrer dans une ruelle plus étroite pour parvenir au bureau central de Project WHY. Au moins un responsable de chaque centre s'y rend chaque jour, souvent le matin, pour émarger. Lorsque l'on arrive, que l'endroit soit ouvert ou pas encore, il y a toujours les élèves de la classe spéciale qui sont là, rayonnants. On sent que pour eux aussi l'école est comme une fête qu'ils ne voudraient rater. Ce sont les premiers à vous saluer. La journée commence bien ! A cet emplacement se trouve donc plusieurs salles de classe en plus du bureau : celles des personnes handicapées donc mais aussi celles pour les très jeunes enfants.
Entre 9h et 9h10, au moins une personne d'Okhla me retrouve là. Selon les jours, on part avec un mode de transport différent. Pour ma première journée, Pushpa, la responsable d'Okhla, m'a fait prendre le bus. Je suis content d'avoir tenté l'expérience mais plus jamais ça ! D'abord il n'y a qu'une langue l'hindi et aucune indication claire ni de la destination, ni des arrêts. Le seul point de repère c'est le numéro quand on en connaît le sens. Le véhicule ne s'arrête pas aux arrêts : il ralentit. Pendant ce laps de temps, il y a donc des passagers qui descendent ou plutôt sautent sur l'asphalte et d'autres qui, comme vous, veulent monter. Pour cela, on trottine jusqu'à bondir sur la première marche. Ce n'est pas encore gagné car déjà à l'intérieur des gens vous poussent pour descendre au prochain arrêt. Il faut donc jouer des coudes pour rester dedans car les portes ne se ferment pas ... Puis il faut s'incruster à d'autres gens pour ménager un espace pour la circulation. A mon avis, ce sont les indiens qui sont à l'origine du "free hug". Et là, il n'y a pas vraiment de séparation homme-femme. Tout le monde peut partager sa sueur, surtout si le bus n'est pas climatisé. Quand il arrive à passer, le receveur vient réclamer son dû, sinon l'argent circule de main en main. Et si besoin l'appoint revient sans égarer même une roupie ! Bienvenue en Inde !
Les autres jours, j'ai partagé un autorickshaw ou un chauffeur de l'ONG avec mes collègues venues émarger. En route, on s'arrêtait parfois dans la famille de Rani, une des responsables de Project WHY, pour récupérer le repas du jour, cuisiné à même la rue ou pas loin. Une fois aussi, je me suis fait inviter à boire un thé au lait sur le bas-côté. Et après on vous dit en occident de prendre des précautions...
Une fois déposé à la périphérie du bidonville, je suis guidé par un ou plusieurs professeurs jusqu'à l'école. Je ne suis jamais livré à moi-même. Je ne ressens aucune malveillance, aucune agressivité autour de moi. Parfois juste de la curiosité sur ce que je fais là et si je ne me suis pas égaré. Mais au fil du temps, des visages vont devenir plus familiers. Parfois, Israil me fait faire une halte dans son "café", un boui-boui sommaire où il m'offre là-aussi un thé au lait et quelque chose à manger dans le genre samossa mais qui n'en est pas un. Je sens bien qu'il a là ses petites habitudes. Les tasses sont vite rincées, on me libère un banc. Pourquoi un tel honneur ? Mais au moins, je ne peux pas dire qu'ils ne savent pas accueillir.
Au final, peu avant 9h30, je parviens au dernier virage : à l'angle, un temple qui, pendant les 48 premières heures de ma présence, ne s'est pas tût un seul instant pour cause de festival religieux. Dans ces conditions, impossible de travailler pour les enfants. De l'autre côté, des habitats de bric et de broc, mêlant toile, tôle ondulée et autres matériaux de récupération. Entre les deux, un chemin de poussière emprunté par un courant de travailleurs plutôt élégants. Ils habitent peut être là mais leur tenue ne le laisse pas vraiment paraître. Et une fois fendu ce flot apparaît l'école. Les premiers jours c'était un bâtiment de briques crues qui ont été repeintes en jaune au cours de la première semaine. Un panneau, accroché en hauteur, indique "PROJECT WHY". Souvent, une myriade d'enfants vous accueille, le plus poliment du monde, avec cordialité, avec joie et avec simplicité. Encore une magnifique journée qui commence !
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9h30 : les premiers arrivés aident à ouvrir l'école et prennent part aux corvées sans attendre de recevoir la moindre instruction. Les enfants sortent en premier une étagère pour y déposer leurs souliers, le plus souvent des tongs usagées. Dans le même temps, d'autres passent déjà un balai à l'intérieur. En fait de balai, il s'agit davantage d'un ensemble de tiges souples d'une soixantaine de centimètres de long regroupées à leur sommet. Aussi le passe-t-on courbé en deux. Le premier nettoyage fini, les nattes sont déployées. Une natte, c'est une salle de classe. Et comme il n'y en a pas assez, il y a aussi quelques tapis de gym qui sont arrivés là je ne sais comment. Bientôt, d'autres jeunes reviennent avec de l'eau. Ils rajoutent un peu de produits d'entretien et les voilà partis pour astiquer le sol non encore recouvert. Ce rituel est bien rodé et il n'y a aucune perte de temps. Personne ne cherche à s'y soustraire : c'est plutôt l'inverse qui se produit avec trop de volontaires !
Pendant tout ce temps et pendant quelques minutes encore, les élèves continuent d'arriver par petits groupes avec toujours le même rituel : ils commencent par se déchausser dehors, se mettent sur le seuil de la porte puis demandent à l'adulte le plus proche s'ils peuvent entrer, enfin ils saluent chaque professeur d'un "bonjour Madame" ou d'un "bonjour Monsieur". Sortant de ce formalisme, certains s'enquièrent même de comment nous allons.
Ce centre reçoit énormément d'élèves mais ses dimensions modestes ne lui permettent pas d'accueillir tout le monde en même temps. La surface au sol doit être de 20m² environ. En bas, il y a deux pièces : la plus grande à l'entrée où se déroulent les cours et une plus petite au fond avec les ordinateurs. Dans la pièce de devant, un pilier occupe le centre. Les murs sont couverts de plusieurs panneaux éducatifs (nombres, légumes, planètes, transports, animaux, règles de politesse, ...) Côté porte d'entrée, il y a le bureau de Pushpa, le seul de l'école. En effet, le parti-pris de Project WHY est que chaque centime aille aux enfants et à leur éducation. Aussi n'y a-t-il pas de mobilier. Je salue la démarche car peu de structures réfléchissent autant pour réduire au minimum leurs coûts de fonctionnement. Sur les autres côtés, sont étalées les nattes pour dispenser les cours. Il y a l'équivalent de 4 classes dans cette pièce. Dans la seconde pièce se trouvent un peu plus d'une demi-douzaine d'ordinateurs, quelques meubles pour abriter le matériel pédagogique des professeurs, une bibliothèque avec des ouvrages scolaires et éducatifs dans de multiples langues, un escalier et enfin des toilettes sèches (une pour tout le monde). A l'étage, il y a une terrasse qui est aussi utilisée pour les cours. Un arbre, poussant dans le temple, fournit de l'ombre mais ses branches sont à peine à 1m ou 1,5m au-dessus du sol aussi faut-il que j'avance courbé. L'endroit est agréable car abrité du soleil donc en plein air et avec une légère aération. Là-aussi 4 classes peuvent s'y tenir au minimum.
Du fait de cet espace "réduit" et du grand nombre d'élèves inscrits (300 en tout pour les deux sexes), les cours s'organisent par demi-journée : le matin pour les garçons, l'après-midi pour les filles. Le samedi est une exception car les deux sexes sont mélangés. Il s'agit bien de cours de soutien venant en complément de l'école gouvernementale où ces enfants vont aussi. Mais là encore, les locaux ne sont pas suffisants : chaque demi-journée est ainsi également découpée en deux. Sur une journée, il y a donc 4 rotations d'élèves. Une rotation dure en moyenne 1h à 1h15.
A Okhla, les enseignants sont au nombre de 9 : Pushpa dirige l'école et s'assure que tout se passe bien, elle ne donne pas vraiment de cours, Sofia, Neetu, Seeta et Israil enseignent aux plus petits, Sonia aux plus âgés. Dipanka navigue entre cours traditionnels et informatiques. Vijay est prof d'informatique tout comme Mithu.
Presque tous se débrouillent suffisamment en anglais pour que l'on puisse avoir des échanges mais je me suis plus attaché à 4 d'entre eux : la triplette d'amies Neetu-Seeta-Sonia qui étaient vraiment toujours aux petits-soins pour moi, se préoccupant sans cesse de mon ressenti, s'inquiétant pour mes proches ou pour des broutilles, m'impliquant dans tout et puis Mithu, appelé "grand-frère" par tous (baya), qui est lourdement handicapé mais qui a une joie de vivre incroyable et avec qui j'ai partagé de beaux moments à profiter uniquement du temps qui passe.
Ces professeurs font aussi des projets grâce à l'ONG : ils vont ouvrir les cours d'informatique à des personnes extérieures afin de les former à ce secteur porteur et qui peut ouvrir des portes que les castes maintiennent verrouillées. Project WHY c'est donc du cœur, de l'instruction, de l'attention aux démunis mais c'est aussi une dynamique, un avenir.
Pour en revenir à la matinée, les cours débutent donc vers 9h30. Les élèves se groupent par classe, le plus souvent autour de leur professeur habituel mais parfois seuls. Chacun dispose d'un cahier, d'un stylo et d'un livre. Ce dernier est souvent en hindi mais j'ai toujours eu sous la main des livres en anglais également, parfois récupérés dans la bibliothèque du rez-de-chaussée. Pour les cours théoriques, le but est souvent de comprendre un exercice et sa résolution; pour les cours pratiques, c'est davantage de reproduire et de montrer que les notions sont assimilées.
Le premier jour, j'ai donné un cours de maths mais cela s'est avéré trop compliqué pour moi alors que les élèves étaient du primaire ! Les problèmes passent encore mais certaines équations ou les divisions étaient plus corsées. Si je prends les divisions par exemple, la difficulté venait de plusieurs niveaux. Le 1er c'est que le calcul est fait de tête ou en le posant mais il n'y a évidemment pas de calculette ou de portable pour diviser 7189 par 123. La seconde épreuve qui en découle a été de me souvenir de la façon dont on posait les divisions quand j'étais en primaire (vous savez comme ça : "|--" avec en haut à gauche le 7189, en haut à droite le 123, sous la barre à droite le résultat du calcul et en bas à gauche le reste s'il y en a un). Je suis assez fier de dire que j'y suis parvenu du premier coup. Le dernier problème c'est que les indiens présentent la même opération sous la forme suivante : " )--( ", méthode que je n'ai pas comprise. Du coup comment donner des explications dans ce cas-là ?
Les maths n'étant pas pour moi, j'ai enchainé avec la biologie le lendemain. Là c'était plus simple, il fallait définir ce qu'était un carnivore, un herbivore et un omnivore et associer des animaux à chaque terme. En plus, le livre me donnait les termes en anglais en cas d'hésitation. Comme on ne fait pas de SVT tous les jours, j'ai terminé la première semaine par des cours d'anglais. Je suis loin d'être bilingue dans cette langue mais il s'agissait de basiques : aider à la lecture de petits articles et à la prononciation des mots, lire l'heure, résumer un texte car les enfants déchiffrent l'anglais sans vraiment le comprendre (nous y reviendrons), rédiger un courrier un peu formel, ...
Enfin en seconde semaine, je me suis chargé de l'informatique de base. Je pense être plutôt doué sous Office. Ne connaissant pas d'avance ce que j'enseignerai, j'avais traduit en France tous les menus et fonctions de la suite Office et j'avais préparé des trames de cours pratiques. Sauf que le niveau était inférieur à ce que je pensais. En réalité, je me suis limité aux bases sous Wordpad, Word, Paint et deux heures d'Excel pour débutant. Comme je l'ai dit plus haut, les élèves sont très demandeurs d'informatique mais pour le moment, ils doivent maitriser parfaitement le clavier c'est-à-dire saisir sans faute et sans le regarder. Ensuite, ils peuvent commencer à apprendre à ouvrir un traitement de texte, enregistrer et fermer un fichier, saisir du texte, copier, coller, mettre en forme ... L'acquisition de ces notions a été mon principal domaine d'intervention en soutien à Vijay et Mithu. Pour le plus aisé des élèves, j'ai aussi vu comment réaliser un CV. Et puis il y avait les cours de Paint : les plus grands devaient reproduire des publicités complexes d'un journal, les plus jeunes dessinaient selon leur inspiration. Certains le faisaient vraiment très bien.
C'est dans cette matière que j'ai été le plus efficace je pense mais la façon d'enseigner m'a un peu surprise : les garçons semblent plus avancés que les filles et étaient au début plus encadrés par les professeurs présents. J'ai tenté d'enseigner à certaines filles mais je me suis heurté à une reprise, pour la seule fois de mon séjour, au même problème que l'année dernière lors de mon immersion au Rajasthan : un malaise et un rejet parce que je suis un inconnu de sexe masculin. Je trouve cette norme tacite dommageable car, dans ce cas, c'est ne pas profiter d'une opportunité d'apprendre. J'ai donc laissé la jeune fille concernée à sa saisie et elle n'a pu apprendre à utiliser Word de tout mon séjour. Heureusement pour elle, elle semblait accepter davantage l'enseignement de Mithu le dernier jour de ma présence. J'espère qu'elle parviendra à dépasser ce frein pour pouvoir progresser.
A 10h30, la première session se termine pour beaucoup à contrecœur et une nouvelle est sur le point de démarrer. Il y a des fois où il faut vraiment insister pour que certains garçons laissent leur place ! A l'occasion de ce va-et-vient, il m'est arrivé de recevoir un thé, une autre boisson ou un petit encas de la part de mes collègues, juste au cas où je pourrais avoir un petit creux.
La seconde session passe tout aussi vite que la première et on se retrouve rapidement avec une école quasi-vide puisque seuls restent les adultes.
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La pause du midi est assez longue lorsque les horaires sont respectés : de 11h30 à 13h30 ou 14h. Les premiers jours, Dipanka en profitait pour me donner des leçons d'échecs partie après partie. Mais il peut se passer bien d'autres choses : session de danse improvisée, partage de photos et discussions notamment. Ces dernières m'ont permis de mieux connaître chacun de mes collègues et d'entendre parler aussi de précédents volontaires donc un certain Jean qui a beaucoup marqué à Okhla.
Une fois par semaine un cours d'anglais pour les professeurs (en plus des enfants) est donné par une expatriée allemande : le premier mercredi ce fut Karla, le second lundi, Eva. Le but poursuivi est pour tous de renforcer les bases mais il s'agit également d'enseigner aux adultes de nouvelles méthodes pédagogiques à reproduire auprès des enfants de l'école. Nous nous retrouvons ainsi tous ensemble à jouer des petits jeux de rôle basiques mais rigolos. J'ai bien aimé cet instant de partage même si sur le caractère adapté de ces méthodes je suis plus réservé mais j'y reviendrai lorsque je parlerai de l'après-midi.
Une autre initiative de Karla est de faire visiter le bidonville notamment par quelques enfants d'Okhla. J'ai assisté à une de ses promenades mais les trouve personnellement intrusives et malsaines car on s'immisce chez les gens pour photographier la misère et des scènes de la vie privée. Je n'ai donc pas pu rentrer dans une seule "habitation" pour cette seule raison. De la circulation dans ces ruelles étroites, je retiens simplement un enchevêtrement d'habitats tellement sommaires, très bas de plafond, devant être sombres et dépourvus de tout. Bien que n'en ayant jamais vu, on dirait un camp provisoire de réfugiés. Ou alors la Cour des Miracles ? A un moment de la visite, nous avons dû faire demi-tour car les enfants trouvaient la zone trop malfamée.
Pour le repas, il y a plusieurs scénarii :
- la famille de Rani a préparé le plat : il s'agit de deux énormes Tupperware dont l'un contient du riz et le second de la sauce parfois relevée.
- les professeurs ont amené de quoi manger et tous me donnent quelque chose au point que c'en est gênant car j'ai l'impression de leur piquer leur nourriture. Mais si je ne le fais pas je les vexe. 1er dilemme.
- nous allons acheter de la nourriture dans les échoppes du quartier. Bon à nouveau les rigoristes de l'hygiène seraient sous le choc mais je n'ai pas été malade sur place du fait de l'alimentation ni après contrairement à tous les autres volontaires qui prenaient moins de risques et ont pourtant passé des journées alitées. A titre d'information, un plat complet avec chappattis c'est 20 roupies soit moins de 35 cents d'euro !
Pour moi, ce moment est la seule source de "malaise" de mon séjour et ce qui m'a le plus profondément et durablement marqué. Si la première option s'applique, ce qu'il reste éventuellement est pour les enfants. Voici mon 2nd dilemme et le plus gros : dois-je manger à ma faim et priver les enfants ou me restreindre et leur laisser à manger ? Ma conscience m'a dicté un choix mais il n'y a pas de bonne réponse à cette question. Project WHY ne peut de toute évidence nourrir les enfants le midi en dehors de Yamuna dont on a déjà parlé car ceci n'est pas dans sa vocation et qu'en outre, elle n'en a pas les moyens même si elle le souhaitait (l'organisation est en permanence contrainte de trouver des fonds pour survivre, en ce moment-même aussi). De même, il n'est pas sûr que les enfants aient l'habitude de manger le midi tout simplement parce que leur famille n'en a pas les moyens non plus. Mais si c'était leur seul repas de la journée ? Pourquoi ont-ils une gamelle vide dans leur sac ? Comment apprendre quand on a le ventre creux ? Pourquoi ne pas leur laisser alors que je peux m'acheter à manger en rentrant de l'école ? Ce n'est qu'un échantillon de tout ce qui peut vous traverser la tête dans ces circonstances. Et je suis sûr que la plupart des profs aussi avaient affaire au même cas de conscience. Le plus dur c'est le lendemain du jour où vous avez distribué, lorsqu'il n'y a rien de prévu et que le repas est à acheter. Qu'est-ce que ressentent les enfants en arrivant et en découvrant qu'il n'y a rien ?
En dehors de cette réflexion intense, le déjeuner reste un moment très convivial que l'on partage tous ensemble. Le personnel est très complice et les plaisanteries fusent. Une partie de la conversation est bien sûr en hindi car c'est plus simple pour eux de s'exprimer dans leur langue maternelle. Toutefois, ils font systématiquement des efforts pour m'impliquer d'une façon ou d'une autre. Je sais que ma réaction aux épices peut les amuser donc j'avoue jouer parfois la comédie pour les faire rire. Sitôt le repas terminé, on se lève et va faire sa vaisselle, peu importe que les autres aient fini ou pas. Rester à table signifierait que l'on attend encore quelque chose.
Une première fois, pour l'anniversaire du fils de Pushpa, on a eu un extra en fin de repas. Les profs appellent ça "to give a party". Il y a ensuite eu l'anniversaire de la fille de la fondatrice de l'organisation où chacun dans tous les centres a eu son petit paquet. J'ai donc aussi souhaité organiser ma propre "party" à l'occasion de mon départ, en guise de remerciements.
Après le repas, s'il reste un peu de temps, ça peut être sieste ou toujours discussion. C'est dans ces instants de calme que j'apprends à mieux connaître mes collègues. J'ai ainsi eu envie de partager un moment plus privilégié avec eux pour que l'on ait un souvenir commun en dehors de l'école. La solution qui s'est alors imposée à moi était une virée à l'extérieur. Ce qui est curieux, c'est qu'en tant que volontaire français, nous semblons suivre sans le savoir un itinéraire parallèle car le lendemain, mon dernier jour sur place, j'apprendrai que mon prédécesseur, Jean, avait aussi eu le même élan et la même inspiration.
Vers 13h30, commencent à arriver les premières filles : "May I come in Madam' ?" ou "May I come in Sir ?". Les jours où il reste à manger, les plus petits sortent une gamelle et une cuillère et se rassemblent pour la distribution. Ainsi aucune nourriture n'est gaspillée. Dans ces conditions, c'est encore plus essentiel que d'habitude.
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Les matières enseignées sont les mêmes pour les deux sexes : lundi maths, mardi biologie, mercredi anglais, jeudi hindi, vendredi sciences sociales (histoire, géographie, éducation civique, économie) et samedi créativité (dessins, jeux, ...). Je ne vais donc pas redonner les mêmes explications que pour les garçons.
Les niveaux scolaires sont au nombre de 12 répartis comme suit : 5 classes pour le primaire (6 à 10 ans), 2 classes pour le primaire supérieur, 3 classes pour le secondaire et enfin 2 dernières pour le secondaire supérieur. A l'issue de la 10ème et de la 12ème années, il y a des examens nationaux.
Lors de mes deux premiers jours, une cérémonie se déroule dans le temple mitoyen de l'école. Pendant 48h, des religieux se relaient car il n'est pas question de s'arrêter de chanter. Il y a donc un fond sonore en permanence. Les fillettes, fatiguées, demandent à être dispensées de cours. Le 1er jour, elle me demande de dispenser un petit cours de français dont la prononciation les amuse d'autant plus qu'elles s'y essayent. Quant au 2nd jour, nous organisons plusieurs parties de Uno. J'en joue quelques-unes avant de laisser ma place.
Les autres jours, nous travaillons par session d'une heure sachant qu'il y en a également 2 dans l'après-midi. Je vais revenir plus particulièrement sur les cours d'anglais dispensés par Karla et Eva. Comme il y a beaucoup trop de filles, nous avons convenu de nous partager le groupe en deux. La première semaine, le but de Karla est simple : il s'agit de connaître les jours de la semaine et de mimer des verbes d'actions comme "to eat", "to go", "to wear" ou "to jump". Ensuite, il faut tirer au sort 3 de ces verbes parmi une vingtaine, choisir un jour et faire une phrase simple les combinant du genre "on Monday, I eat banana" ou "on Wednesday, I go shopping". Les élèves, timides, ont un peu de mal car à l'école (gouvernementale) on leur apprend à décrypter les mots mais pas à bien les prononcer ni comment faire une phrase structurée. Du coup, ils laissent souvent le "to" devant le verbe. La semaine suivante, Eva remplace Karla pour la mise en pratique de la "nouvelle méthode pédagogique" qui consiste à être devant l'auditoire, debout, et à présenter son voisin ou sa voisine en 2 ou 3 phrases simples. Par exemple, il faut dire "Her name is xxxx. She lives in xxxx. She is in Class ... . She likes wearing skirts.". Les élèves trébuchent sur le "his/her" selon le genre de la personne et oublient le "s" de "likes" à la troisième personne du singulier. Si l'exercice est aisé pour les enfants quand il est pratiqué assis, il omet dans ce cas précis un important fait culturel : se tromper en public est très dégradant en Inde et la personne est de suite mal à l'aise. Alors le faire debout devant l'auditoire ... Pour pallier à cet obstacle que je connais pour l'avoir découvert dans un livre en amont de mon voyage, je préfère laisser les élèves assis. Et avec Eva, nous ne ménageons pas les encouragements, les félicitations ou les remerciements selon les circonstances tout en faisant attention à comment corriger les erreurs récurrentes. Ces leçons interactives mises en place par les deux allemandes suscitent de l'intérêt au point que j'ai systématiquement continué seul après la courte leçon : description d'images, utilisation de la voie passive et un jeu qui a beaucoup plu durant mon séjour : le téléphone arabe !
Toujours dans les jeux, le samedi est un jour plus ludique et artistique comme je l'ai signalé dans le 1er paragraphe de ce post. Avec les autres volontaires françaises qui étaient là, vu que l'on a fait le tour des écoles ce jour-là, nous avons organisé un jeu du béret. Pour celles et ceux qui ne voient pas trop de quoi je parle, c'est ce jeu de cours d'école où il y a deux équipes qui se font face et un objet entre elles; lorsque l'arbitre appelle un numéro, les enfants de chaque équipe portant ce numéro doivent récupérer l'objet en question et retourner dans leur camp sans être touché par l'adversaire.
En fin de journée, toutes les élèves présentes donnent un coup de main pour ranger l'école : on libère la terrasse et redescend tout au rez-de-chaussée qui est fermé à clé, on éteint les ordinateurs et les ventilateurs, on range les bouquins qui trainent, ... Enfin en dernier lieu, on rentre le meuble à chaussures. A ce moment, l'école est quasiment vide. Il ne reste plus qu'à fermer la porte avec un cadenas, dire au revoir aux derniers élèves qui sont encore avec nous et à rejoindre, avec la plupart des profs, la route la plus proche.
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Lorsque nous avons atteint la chaussée bitumée après avoir quitté l'école et marché une dizaine de minutes, il y a deux possibilités : soit nous sommes récupérés par un véhicule de Project WHY, soit nous nous débrouillons seuls.
Dans le premier cas, c'est plus confortable. Le van n'ayant pas de places assises pour tout le monde, je me dévoue avec quelqu'un d'autre pour m'asseoir au sol, dos à la route et bien sûr non attaché. Comme je suis plutôt grand, ma tête atteint la fenêtre et certains automobilistes sont éberlués en passant. C'est rigolo ! Au fur et à mesure que les professeurs descendent, de la place se libère sur la banquette. Je m'incruste dès que nous ne sommes plus que 4. C'est serré et nécessite une stratégie (les uns au fond du siège, les autres à l'avant) mais on est en Inde et être collé n'est pas un problème. Je suis toujours le dernier à descendre, près du métro de Govindpuri.
La seconde option est plus complexe : la règle c'est 3 personnes maximum à bord d'un autorickshaw. De façon totalement incompréhensible, cela semble la seule règle destinée à être respectée dans le pays car même les policiers doivent mettre des contraventions pour celle-là. Du coup, pour trouver un autorickshaw quand on est entre 5 et 8, c'est un peu la galère ! Je voudrais bien donner un coup de main car il m'arrive dans mes voyages de faire de l'autostop. En outre, j'ai l'avantage d'être un occidental. Il faut savoir que l'indien ne parvient pas à comprendre que vous puissiez marcher pour marcher, surtout s'il est chauffeur d'autorickshaw, il va donc systématiquement venir vous accoster même s'il y a 100 locaux autour dont 20% leur font signe. Ensuite, il vous suit sur plusieurs dizaines de mètres, révisant toujours son tarif à la baisse même quand vous lui répétez que vous voulez juste marcher. Dépité par cette stratégie tordue et cette négociation ardue, il revient une dernière fois à la charge avec une proposition que vous n'allez pas pouvoir refuser : "Je te conduis pour seulement 10 roupies !". C'est risqué car il ne sait même pas où je vais... donc je pourrais lui dire "ok va pour Bangkok ou Paris" et le mettre dans une situation d'affolement. Heureusement pour lui, je ne suis pas joueur sur ce sujet. Dans notre cas du retour d'Okhla, il y a bien des autorickshaws qui ralentissent mais comme ce sont mes collègues qui bondissent sur le chauffeur pour lui demander s'il peut tous nous prendre, il repart souvent en refusant. Au final, il nous est arrivé d'attendre jusqu'à 20-25 minutes avant d'obtenir gain de cause.
En rentrant à la guesthouse, il est souvent encore tôt. La plupart du temps, je repars donc pour un tour soit seul, soit avec les autres volontaires. Etant un homme, il m'est plus facile de sortir la nuit tombée car je ne suis pas importuné. L'homme indien est en effet assez tactile comme l'ont montré certains faits divers ces dernières années et comme en témoigne le wagon pour femmes dans le métro. J'aime bien l'ambiance de fin de journée dans le parc derrière Nehru Place : je suis le seul occidental bien souvent mais des familles se reposent à l'ombre, des jeunes jouent au cricket ou au foot, des couples se promènent enlacés, des anciens devisent sur les bancs, les marchands de glace officient... Tout ça sans le bruit assourdissant des klaxons dès lors qu'on est proche d'une route. Durant ce temps libre, je découvre surtout les temples, principales curiosités autour de la maison. Le reste n'est qu'habitations. Je fais juste une petite ellipse pour parler des adresses en Inde, du moins dans le quartier où je vis. Mieux vaut savoir exactement où on va, ce qui n'était pas le cas le premier jour quand je cherchais la guesthouse. Déjà un indien ne peut pas dire qu'il ne sait pas donc il peut vous guider vers le mauvais endroit juste pour éviter de dire qu'il ne sait pas. Sachant cela, j'ai demandé à plusieurs personnes qui ne m'ont pas toutes envoyées vers le bon endroit. 2nde difficulté : il y a des homonymies dans les noms de lieux. J'habite à Chiragh Enclave. Si on ne précise pas "près de Pamposh Enclave", on peut avoir une très mauvaise surprise. Une des volontaires a ainsi fait 1h30 d'autorickshaw un jour au lieu d'en faire 10 minutes car le chauffeur a confondu avec un lieu homonyme ... Il y a ensuite des "blocks" qui correspondent à des pâtés de maisons mais il n'y a pas de suite logique entre les blocs. Aussi peut-on passer du M au W puis voir le bloc S ! Quand enfin vous avez réussi à surmonter tous ces obstacles et à trouver le bon bloc, il reste la dernière épreuve : trouver le numéro. A Chiragh Enclave (je ne sais pas ailleurs), les numéros ont été attribués par tirage au sort ! Autant dire que pour trouver ou obtenir une information fiable, c'est un peu la loterie si j'ose la comparaison...
Certaines soirées sortaient de l'ordinaire. La principale fut le 2nd mercredi de ma présence car tous les professeurs de tous les centres de Project WHY avaient rendez-vous chez Mme Bakshi pour une petite fête annuelle. Nous avons rejoint la maison en autorickshaws depuis Okhla avec 7 professeurs. Sagement ce jour-là nous avons pris 2 véhicules. De nombreuses photos ont été prises puis une collation a été partagée avec un gâteau au fromage du Gujarat, une sorte de samossa et un gâteau au chocolat, accompagnés de thé indien (sucré, épicé et avec du lait).
D'autres fois, nous rencontrions des expatriés comme lors de l'anniversaire de Shamika, la fille de Mme Bakshi. Souvent c'était convivial et bon enfant. Une autre fois en fin de séjour ça le fut moins car il y avait trop de contrastes à mes yeux entre la soirée et la journée dans le bidonville au milieu de la misère. Cette soirée-là, j'ai bu 2 cocas pour 10€ (oui oui) alors que quelques heures plus tôt j'aurais pu offrir 30 repas bien plus utiles pour le même prix. Je ne dis pas qu'il n'est pas correct d'en profiter en soirée. Ce que je veux dire c'est qu'il y a des circonstances où certaines choses vous sont inenvisageables et peuvent littéralement vous révolter. Ce fut le cas ce soir-là.
Il m'est aussi arrivé deux soirs de travailler pour Mme Bakshi à rendre plus visuelle et synthétique une présentation Powerpoint destinée à collecter des fonds pour la survie de son organisation.
Enfin, il y a eu l'avant-dernière soirée : le vendredi soir, veille de mon dernier jour à Okhla. Comme je l'ai dit plus tôt, au fil des conversations que j'avais avec mes collègues, je me suis rendu compte qu'ils n'avaient pas la possibilité de connaître leur ville. A la fin de la première semaine a donc germé en moi l'idée d'organiser une sortie avec les professeurs pour partager un moment tous ensemble et leur permettre de découvrir leur patrimoine. Une semaine plus tard, nous pouvions nous réunir presque tous (ne manquaient que Mithu et Vijay) et aller du côté de Nehru Place. Là aussi j'ai payé deux autorickshaws pour qu'on soit plus confortablement installé. Tous deux font un peu la course au milieu du trafic puis nous déposent près de l'Iskcom temple, un sanctuaire de la secte Hare Krishna, reconnue par les hindous. Globalement, mon choix est une bonne pioche car 6 de mes collègues sont enchantés. Pour certains, c'est la première fois qu'ils y mettent les pieds. Au maximum, ils y sont venus 2 fois dans leur vie. Quant à Israil, il est très gêné. Je n'aurais pas pensé qu'en tant que musulman cela lui poserait problème d'aller dans un sanctuaire d'une autre religion. Il ne me semble pas qu'en Europe ce soit le cas ? Il finit par s'éclipser sans nous le dire et va nous attendre à l'écart sur une terrasse. Je comprendrai seulement au bout de quelques minutes car je n'avais pas fait le lien avec ses convictions. Il me confirmera mes soupçons le lendemain en m'amenant dans son "café". Pour les 6 autres professeurs, je leur demande de prendre leur temps pour se recueillir et me propose de garder leurs affaires pendant qu'ils prient car il n'y a pas de consigne. Seeta a le plus de remords à me laisser tout seul mais à force d'insister, elle finit par oser aller prier comme elle le désirait vraiment.
A la sortie, il n'est pas encore très tard. Du coup, nous décidons d'aller ensemble au Temple du Lotus. Il s'agit d'un temple bahaï comme il y en a quelques autres dans le monde. La spécificité de cette religion est que le sanctuaire est ouvert à tous, peu importe la foi. Les musulmans et les hindous peuvent ainsi prier à côté des juifs, chrétiens ou bouddhistes. Je trouve l'idée juste magnifique ! Même Israil semble intéressé cette fois. Pour le rejoindre, il y a une marche à travers le parc que j'aime. Mes collègues me charrient sur le fait que je sois leur guide à eux, indiens de Delhi, et ils manifestent leur émotion pour ce que j'ai organisé à leur intention. Au final, nous arrivons quelques minutes après la dernière admission. Désolé Israil ! Quant au temple, son architecture évoque une fleur de lotus d'où son nom.
Après une petite concertation, nous nous réorientons vers un dernier temple (hindou) : celui de Kalkaji. Cette fois, Seeta connaît bien car elle y va tous les matins à 5h. Elle nous guide donc dans le dédale pour atteindre le garbha griha, la tour centrale du sanctuaire abritant la statue de la divinité. En faisant une offrande à un moine, j'obtiens un bracelet de fils orangés. Mes collègues qui ont été prier reviennent avec des sucreries qu'ils offrent partiellement à Seeta et moi pour obtenir des mérites. La nuit étant à présent tombée, chacun regagne son chez soi.
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Samedi 10 octobre. Le dernier jour de ma présence à Okhla. C'est étrange comme une routine s'est vite instaurée entre le transport et les cours à l'école. J'ai l'impression d'avoir été présent plusieurs semaines à plusieurs mois. Un peu comme si mon quotidien était ici.
Une fois déposé par le frère de Rani à proximité de l'école, Israil commence par me conduire une dernière fois dans son "café". Aujourd'hui, peu importe que mon petit-déjeuner ne soit pas si loin : il faut que je prenne un aliment frit en plus du thé. Alors je m'installe une nouvelle fois sur le banc qu'on nous dégage. Maintenant je suis reconnu et on ne se demande plus ce que je fais là.
A l'école, je ne fais pas grand-chose car c'est dessin aujourd'hui. Filles et garçons sont mélangés et les sessions sont moins marquées qu'à l'accoutumée. Je prends aussi des photos de tout le monde pour garder des souvenirs.
En contrebas, les enfants de la famille vivant à côté de l'école jouent dans la rue. Ils me repèrent et nous nous amusons ensemble malgré la distance : eux tentent de se cacher dès lors que j'apparais par-dessus le muret de la terrasse. Ils disparaissent dans un éclat de rire. La scène se répète un petit moment avant que je ne retourne aux élèves d'Okhla.
En milieu de matinée, l'envie me prend d'offrir un petit présent à chacun. Il n'y a pas mille options : des bonbons devraient rencontrer le plus de succès et être achetables dans les alentours immédiats. Je sais que ce n'est pas bien pour leur hygiène dentaire mais ils n'ont peut-être pas autant d'occasions que cela d'en consommer alors tant pis pour une fois. J'en touche deux mots à Pushpa et Seeta. L'accord obtenu, je pars avec Seeta dans une petite échoppe voisine. Ma demande est un peu déconcertante : 300 bonbons là maintenant. Le commerçant ne peut y répondre et viendra nous livrer quelques dizaines de minutes plus tard. A plusieurs reprises dans la journée, je vais procéder à des distributions pour tenter de n'oublier personne. Comme il y a vraiment beaucoup de sucreries, je sors aussi en distribuer une bonne poignée aux enfants du voisinage dont je parlais dans le paragraphe précédent, non sans avoir demandé l'accord à leurs parents auparavant. Et malgré tout cela, nous ne consommerons que la moitié des bonbons achetés. Un professeur les ramènera donc au marchand qui remboursera la différence.
Sur la fin de matinée, Pushpa m'appelle pour me remettre une montre. Un peu plus tard, c'est un cadre que l'on me donne avec dedans un dessin sur lequel est écrit "Project WHY". J'ai vu les filles les plus âgées travailler dessus plus tôt. Et elles m'attachent enfin au poignet un bracelet de l'amitié que les professeurs leur ont demandé de me confectionner. Je m'attendais à ces présents car nous en avions parlés hier au cours du repas de midi. Je les avais alors déclinés en précisant que je n'en avais pas besoin car j'avais déjà eu le plus beau que je pouvais espérer : l'occasion de venir ici et de faire leur connaissance. Entendant mes arguments, les professeurs m'avaient alors proposé de faire un présent à ma mère en remplacement !!! A force d'explications, j'ai fini par leur faire entendre raison : j'ai déjà tellement reçu jour après jour qu'aucun autre cadeau ne pourrait être plus utile ni plus représenter pour moi. Voilà une bonne dose d'émotions au cas où ce jour aurait pu en manquer.
Mais ce n'était pas encore fini ! Il était convenu que puisque j'avais organisé une "party" hier midi en offrant le repas, mes collègues cuisineraient quelque chose pour moi aujourd'hui. A 11h30, nous vidons la salle informatique et commençons (entre hommes) à donner un coup de main en épluchant les légumes. Cela a donné lieu à des scènes de franches rigolades comme celle ci-dessous. J'aime beaucoup les pluches à deux doigts du clavier ...
Sophia, Neetu et Seeta s'attaquent à la fabrication de bread puri, des sortes de chappattis (le pain plat indien) pour une fois gonflés après avoir levé en une fraction de seconde. Sonia aide à la préparation d'un mélange à base de pommes de terre, de radis, de tomates, d'oignons, ... Enfin, Israil me donne aussi une partie de son plat composé d'un œuf dur, de pommes de terre et d'une sauce.
La fin du repas se prête à de petits discours de remerciements mutuels.
Durant l'après-midi, je donne aux professeurs l'ensemble des photos que j'ai prises puis nous échangeons nos coordonnées. Je compte leur envoyer un petit livre contenant un montage de toutes ces images. La visualisation de mes prises donne lieu à des tranches de rigolade par rapport à la tête que font les uns ou les autres.
L'école finit par se vider pour ma dernière fois. Ne restent que les professeurs que je pourrais largement qualifier d'amis si j'avais l'assurance d'y retourner un jour. Je ne dis pas que je ne le ferai pas mais je n'en sais rien car il y a tellement d'autres contrées à découvrir et d'autres projets comme celui-ci qui me tentent au Ghana, en Afrique du Sud, à Madagascar ou au Mexique ! Nous allons nous séparer progressivement : pour certains qui habitent près de là dès la sortie de l'école non sans une dernière accolade, pour d'autres dans la rue après encore un petit moment partagé en commun. Ultimes agitations du bras en guise de salutations à ces personnes généreuses que je laisse derrière moi sur une route fréquentée de Delhi ramenant au métro de Govindpuri. Les dernières silhouettes, toujours plus petites, finissent par s'évaporer dans l'agitation d'une fin de journée indienne. Cette fois c'est terminé ! Il n'y a pas de place pour le regret car j'ai vécu chaque instant aussi pleinement que je le pouvais. Je repars riche de souvenirs, empli de sourires, fort d'une connaissance très personnelle de l'Inde et marqué positivement par tant d'émotions tirées de ce second séjour en immersion.
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